J3 du procès des ex-RSP, des questions de formes
Le procès de 27 ex-RSP et de 2 civils
pour association de malfaiteurs et détention illégale d’armes et de munitions s’est
poursuivi devant le Tribunal militaire de Ouagadougou aujourd’hui jeudi 5
janvier 2017. Après avoir rejeté les exceptions soulevées par la Défense, le tribunal
a décidé de suspendre le procès pour le reprendre ce vendredi matin à partir de
8h 30mn.
Lire le compte rendu du premier et celui du deuxième
Suspendu
le 21 décembre 2016 après que les avocats commis d’office pour la défense de
certains accusés se sont déportés, le procès a finalement repris hier dans la
matinée comme prévu. Dès la reprise, maître Mamadou Sawadogo a pris la parole en
sa qualité de bâtonnier de l’Ordre des avocats. Il plaide pour que le tribunal
accepte la poursuite du procès avec les mêmes avocats qui s’étaient déportés.
Il justifie ce choix par le fait que ceux-ci ont déjà une certaine
connaissance des dossiers. Appelé à donner son avis, le commissaire du
gouvernement ne s’est pas opposé à la volonté du bâtonnier. Le tribunal décide
alors d’une suspension pour délibérer sur la question.
Des exceptions soulevées par la
défense
A
la reprise, le tribunal accepte les avocats et décide de la poursuite du
procès. Aussitôt, les conseils de la défense soulèvent 2 exceptions.
La
première est relative à l’incompétence da la juridiction à juger du dossier. En
effet, les avocats de la défense estiment que la Justice militaire est
incompétente pour juger l’affaire d’association de malfaiteurs et la détention
illégale d’armes et de munitions suivant l’article 34 du code de procédure
militaire. Pour eux, ces infractions ne sont pas des infractions militaires et
n’ont pas été commises dans un service ou dans un établissement militaire. Ce
sont des infractions condamnées par le code pénal et dans ce cas doivent être
jugés devant les juridictions ordinaires. Ainsi, la défense estime que le
tribunal devrait «se déclarer incompétent
et mettre les accusés immédiatement en liberté ». Et si toutefois, le
tribunal se jugeait compétente pour statuer, la défense l’invite à considérer
la deuxième exception. Cette seconde exception est relative à la nullité de la
procédure. La défense soutient en effet que selon l’article 101 du code de
procédure, l’ordre de poursuite doit venir du ministre de la défense et non du chef
d’État-major général des armées comme c’est le cas dans le présent procès. De
ce fait, la défense demande au tribunal de déclarer la procédure nulle et
d’autoriser la liberté pour les prévenus. Par ailleurs, la défense a demandé au
tribunal de saisir le Conseil constitutionnel afin de vider
l’inconstitutionnalité du décret qui permet au ministre de la Défense de
déléguer les pouvoirs de poursuite au chef d’État-major. D’ailleurs, elle a
souligné en plus le fait que ladite délégation a été faite par le président du
Faso et non par le ministre en charge de la Défense nationale. En somme, la
défense a souhaité que la procédure soit déclarée nulle en raison « des nombreuses irrégularités » qui ont
l’ont émaillée.
Contradiction de l’Accusation
Invité
à donner son avis au sujet des exceptions, le commissaire du gouvernement et
ses substituts ont rejeté en bloc les arguments de la défense. Concernant la
première exception, l’Accusation a affirmé que le Tribunal militaire est bel et
bien compétent dans la mesure où le but de l’association de malfaiteurs était l’atteinte
aux institutions, infraction qui peut être jugée par le Tribunal militaire. De
plus, l’accusation estime que cette affaire est liée à d’autres qui concernent
le complot et l’attentat entre autres.
Sur
le second point, le parquet a estimé que le ministre de la Défense peut
déléguer son pouvoir d’ordre de poursuite au terme de l’article 3 du code de
procédure militaire. Dans le cas d’espèce, le parquet assure que cette
délégation des pouvoirs d’ordre de poursuites au chef d’État-major a été faite comme
il se doit. Ce faisant, le parquet demande le rejet de l’exception de nullité.
Après
près de deux heures d’empoignade entre les parties, le tribunal suspend la
séance et annonce la reprise à 15 heures, pour statuer sur les exceptions de la
défense.
Plusieurs heures de délibérations
Annoncée
pour 15h, c’est finalement à 18h 15mn que l’audience a repris. En quelques
minutes, le président annonce la décision du tribunal de rejeter toutes les
exceptions soulevées. Il aussi annoncé la suspension de l’audience et indiqué
que la reprise serait pour vendredi 6 janvier 2017 à partir de
8h30.
Qu’à
cela ne tienne! Les avocats de la défense ne s’avouent pas vaincus quoique déçus
de la décision du tribunal. Ils se disent même confiants pour la suite,
notamment pour ce qui est de l’examen dans le fond. « La suite, c’est le grand déballage, parce que même dans le fond, nous
sommes à l’aise », a laissé entendre maître Christophe Birba, un des
avocats de la défense.
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