Syndicats du Burkina : la guerre des couleurs menace l'union
Le 29 novembre des burkinabè seront dans
les rues pour manifester, entre autres, contre la récente hausse de prix des
hydrocarbures. L’appel à manifester a été signé par plusieurs organisations
syndicales et de la société civile. En réaction, plusieurs autres syndicats se
sont démarqués de cette initiative en appelant leurs militants à ne pas
manifester.
L'année
2018 a vu naitre une guerre froide entre les syndicats notamment sur la
question de la participation à la conférence de "mise à plat". La
crise enregistre un nouvel épisode avec la manifestation prévue le 29 novembre.
Le clivage entre les deux camps.
Rouges vs Jaunes
D'un
côté, se trouvent les syndicats "rouges" réunis au tour de la CGT-B (centrale
syndicale). Initiateur de la manifestation prévue, ce regroupement a l’avantage
de la représentativité des structures syndicales qui le composent. En
effet, le SYNATEB (enseignement primaire), la F-SYNTER (enseignement post-primaire
et secondaire) et le SYNSHA (la santé), tous marqués rouges, sont ultra
majoritaires dans leurs domaines respectifs. Sachant que le secteur de la santé
et celui de l’éducation nationale couvrent plus de ¾ des agents de la fonction
publique, il s’en suit que les syndicats rouges peuvent se targuer d’avoir avec
eux une écrasante majorité des agents de la fonction publique.
De
l'autre côté, il y a le regroupement des syndicats "jaunes", formé
par 5 des 6 centrales syndicales et plusieurs syndicats autonomes. La CSB de
Guy Olivier est le chef de file de ce regroupement. La force de ce regroupement
c'est surtout le nombre des structures qui le composent. En effet, de nombreuses
structures syndicales aussi bien de la fonction publique que du secteur
informel sont classées jaunes.
Contrairement
au premier regroupement, le second avait bien participé à la conférence sur la
remise à plat du système de rémunération des agents publics. Parmi les raisons
invoquées par les jaunes pour ne pas participer à la manifestation du 29
novembre c'est justement le fait qu'ils veulent accompagner le gouvernement dans
la mise en œuvre des recommandations de la conférence. Pour eux, il faut
soutenir le gouvernement afin qu’il puisse mettre en œuvre lesdites recommandations
à partir de janvier 2019.
Veillée d’armes avant le 29
En
attendant le 29 pour jauger le niveau de la mobilisation, les deux camps
s'affrontent sur les réseaux sociaux au grand bonheur du gouvernement qui
pourrait s'appuyer sur cette guerre entre courants syndicalistes pour faire
passer quelques mesures d'austérité. Aussi, l'analyse du profil des
manifestants permettra-telle de savoir quel camp a réussi dans sa stratégie.
Cela d'autant plus que les militants de bases ne semblent pas se reconnaître nécessairement
dans les postures de leurs leaders. D'un côté comme de l'autre, des militants
de bases n’hésitent pas à exprimer des positions différentes des positions
officielles de leurs camps. Ainsi, certains militants des syndicats rouges, estiment
qu’on aurait pu faire l’économie d’une manifestation et voir ce que le
rendez-vous de janvier 2019 va donner. De même, des militants de syndicats
jaunes prennent position clairement pour la manifestation cela pour protester
contre la hausse des prix des hydrocarbures.
Menaces sur la CNSE
Il
n’est pas exclu que cette guéguerre ait des conséquences sur les négociations
entamées depuis quelques mois entre le gouvernement et les syndicats de
l'éducation réunis au sein d'une coordination(CNSE). Sachant que ces
négociations piétinent, il est possible que le clivage rouge/jaune triomphe de
l'union, quant à la suite à donner au processus de négociation. Dans tous les
cas, c’est la partie gouvernementale qui va se frotter les mains.
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