Yacouba Isaac Zida mis en cause par Madi Ouédraogo
Le caporal Madi Ouédraogo Cerveau présumé de l'affaire |
Madi Ouédraogo et la révolution Zida
L’appel à la barre de Madi Ouédraogo qui
est le cerveau présumé de l’association de malfaiteurs est intervenu ce mardi
10 à 17heure 45. Alors que son interrogatoire était très attendu, le caporal s’est
montré très calme avec une voix très posée. Après avoir réfuté les faits qui
lui sont reprochés, il a sollicité et obtenu de raconter les faits. Son récit
commence au mois de juin 2015.
Le 18 juin 2015, alors premier ministre,
Yacouba Isaac Zida aurait, à travers le Soldat du nom de Nadié, invité un certain
nombre de jeunes soldats du Régiment de sécurité présidentielle à une
rencontre. Présent lui-même à ladite rencontre qui a eu pour cadre les villas
ministérielles, l’ancien premier ministre aurait exposé l’objet. Il aurait envisagé
de faire une révolution devant être précédée d’un coup d’État. Pour ce faire, il
fallait au préalable éliminer physiquement non seulement les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill
Bassolet, mais également Salifou Diallo, actuel président de l’Assemblée
nationale, confie Madi Ouédraogo. Selon lui, l’ancien premier ministre a laissé
entendre que l’élimination des généraux ne poserait pas de problème à l’opinion,
car leurs mains étaient entachées de sang. Quant à Salif Diallo, il devait
subir le même sort parce que pouvant organiser les foules pour contrer la révolution.
A la quinzaine de jeunes soldats participants présents, il aurait fait une
promesse de don composé d’une villa plus 60 millions de F CFA. Se rappelant l’instruction
reçue au GIFA qui fait obligation de défendre la patrie, lui Madi Ouédraogo se
serait adressé directement à Yacouba Isaac Zida.
Sans sourciller, assure-t-il, il a affirmé
à Zida que c’était possible et qu’en 15 minutes l’opération pouvait aboutir
militairement. Cependant, Madi affirme avoir refusé d’adhérer au projet. Aussi,
les autres participants auraient abondé dans le même sens. C’est ainsi que
cette réunion aurait pris fin.
Poursuivant, il affirme que Yacouba Isaac
Zida n’a pas abandonné pour autant. Il serait revenu à la charge le lendemain.
Cette fois, il lui aurait fait parvenir ses numéros personnels, par l’intermédiaire
du caporal Pafadnam Madi avec l’invitation à une autre rencontre dans la
soirée. S’il était partant pour la rencontre, il devait envoyer un simple texto
avec le mot ok sur le numéro personnel de Zida, dit-il. Cette fois-ci, Madi aurait
informé un sergent avant d’aller répondre au rendez-vous au même lieu que la
veille. Zida, son chef de sécurité et son aide de camp, ainsi que Madi Pafadnam
auraient pris part à cette rencontre. Cette fois, une voiture de marque Jaggar
lui aurait été proposée séance tenante s’il donnait son accord pour le projet.
Face à son refus argumenté par la peur d’un lendemain incertain, Madi avoue avoir
été rassuré par son supérieur Zida de ce qu’il serait promu officier. Mieux,
Zida aurait argumenté en s’appuyant sur le dossier Sankara. Il lui aurait dit
que lui Zida a fait ouvrir le dossier Sankara devant la Justice tout en prenant
le soin de faire fuir le principal suspect, Hyacinthe Kafando. Cela parce que
le fugitif est l’oncle de Pafadnam Madi. Madi dit avoir une fois de plus rejeté la proposition,
mais cette fois-ci, aurait pris le soin de rendre compte fidèlement à sa hiérarchie.
Décision aurait donc été prise de prendre des mesures pour surveiller certains
mouvements. Cette surveillance a permis selon lui de savoir que des participants
de la rencontre initiale ont contourné pour adhérer au projet d’élimination des
personnalités suscitées. En retour, ils auraient reçu à cet effet l’argent et
divers cadeaux dont des voitures. Cependant, alors qu’un commando de plusieurs personnes
s’apprêtait à passer à l’acte, eux, commis à la surveillance, seraient intervenus
pour empêcher l’attaque du domicile de Salif Diallo. Les membres du commando auraient
été ainsi arrêtés et les biens reçus en cadeau retirés. Madi est formel, le chef
d’État-major général des armées d’alors, Zagré Pingrenoma et bien d’autres chefs
militaires sont au courant de ce épisode. En conclusion, il estime que c’est en
réaction à cet affront porté au projet de Yacouba Isaac Zida qu’un piège lui a
été tendu.
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Le piège de Zida
Sur l’affaire, Madi a expliqué comment
il a été piégé par les éléments de Zida. Alors qu’il devait recevoir chez lui
d’autres camarades de l’ex-RSP pour parler des démarches pour entrer en
possession de leurs biens perdus lors de l’assaut du Camp Naaba Koom, des
proches de Zida en auraient profité. Il explique que le caporal Ido Claude, le
sergent Yougbaré et 2 autres ex-camarades seraient venus lui dire que Zida
préparait un coup et que dans ce cadre, une action contre les généraux suscités
se préparait. Les comploteurs auraient donc proposé 3 points supplémentaires à
l’ordre du jour. Il s’agit de la libération des généraux, la prise de la poudrière
de Yimdi et la prise du camp Naaba Koom 2. Ces trois opérations listées sur un
papier devaient s’ajouter au point initial de la rencontre, assure Madi. Les
comploteurs auraient suggéré de lire les points supplémentaires pour recueillir
les réactions. Madi Ouédraogo serait donc tombé dans le piège en lisant le
papier préparé pour l’occasion. Les participants n’ont pas adhéré aux projets
apportés par les comploteurs que lui Madi a lu. La réunion a tourné ainsi court
et pendant ce temps, les comploteurs enregistraient les échanges, foi de Madi.
Immédiatement après la fin de la rencontre, les intéressés seraient entrés en
contact avec un certain lieutenant pour lui dire que c’est fait. Soupçonnant
que quelque chose n’était pas clair, Madi affirme avoir suivi discrètement
l’équipe de comploteurs jusqu’au quartier Ouaga 2000, où ils ont retrouvé le
lieutenant Nana. Celui-ci y était stationné à bord d’une voiture hilux. Pour
lui, c’est de cet enregistrement que l’accusation s’est fondée.
Une fois de plus, les avocats de la
défense ont saisi l’occasion pour encore plaider pour le retrait de la
retranscription de l’enregistrement. Aussi, la défense a demandé que le
président ordonne la comparution du Soldat Ido Claude suspecté d’être l’auteur
de l’enregistrement, Tous les avocats estiment qu’ayant participé à la
rencontre de chez Madi le 19 décembre, Ido devait aussi être parmi les accusés.
Après renseignements, Ido Claude se trouverait en mission onusienne au Mali. Le
président se réserve le droit de demander ou non des diligences pour qu’il puisse
comparaitre. C’est aussi le cas du général Diendéré que l’un des avocats
voudrait voir appelé à témoigner. Le procès se poursuivra ce matin du mercredi
avec l’audition de deux témoins censés avoir participé à une rencontre au
domicile de Madi.
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