Yacouba Isaac Zida mis en cause par Madi Ouédraogo

Le caporal Madi Ouédraogo Cerveau présumé de l'affaire
Le procès de l’affaire Madi Ouédraogo et 28 autres s’est poursuivi devant le tribunal militaire de Ouagadougou le lundi 09 et mardi 10 janvier 2017. Jusque-là, le procès est toujours au stade de l’interrogation des accusés à la barre. Le dernier des 29 accusés a dénoncé un règlement de compte ourdi par l’ancien premier ministre, Yacouba Isaac Zida

Madi Ouédraogo et la révolution Zida
L’appel à la barre de Madi Ouédraogo qui est le cerveau présumé de l’association de malfaiteurs est intervenu ce mardi 10 à 17heure 45. Alors que son interrogatoire était très attendu, le caporal s’est montré très calme avec une voix très posée. Après avoir réfuté les faits qui lui sont reprochés, il a sollicité et obtenu de raconter les faits. Son récit commence au mois de juin 2015.
Le 18 juin 2015, alors premier ministre, Yacouba Isaac Zida aurait, à travers le Soldat du nom de Nadié, invité un certain nombre de jeunes soldats du Régiment de sécurité présidentielle à une rencontre. Présent lui-même à ladite rencontre qui a eu pour cadre les villas ministérielles, l’ancien premier ministre aurait exposé l’objet. Il aurait envisagé de faire une révolution devant être précédée d’un coup d’État. Pour ce faire, il fallait au préalable éliminer physiquement non seulement  les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolet, mais également Salifou Diallo, actuel président de l’Assemblée nationale, confie Madi Ouédraogo. Selon lui, l’ancien premier ministre a laissé entendre que l’élimination des généraux ne poserait pas de problème à l’opinion, car leurs mains étaient entachées de sang. Quant à Salif Diallo, il devait subir le même sort parce que pouvant organiser les foules pour contrer la révolution. A la quinzaine de jeunes soldats participants présents, il aurait fait une promesse de don composé d’une villa plus 60 millions de F CFA. Se rappelant l’instruction reçue au GIFA qui fait obligation de défendre la patrie, lui Madi Ouédraogo se serait adressé directement à Yacouba Isaac Zida.
Sans sourciller, assure-t-il, il a affirmé à Zida que c’était possible et qu’en 15 minutes l’opération pouvait aboutir militairement. Cependant, Madi affirme avoir refusé d’adhérer au projet. Aussi, les autres participants auraient abondé dans le même sens. C’est ainsi que cette réunion aurait pris fin.
Poursuivant, il affirme que Yacouba Isaac Zida n’a pas abandonné pour autant. Il serait revenu à la charge le lendemain. Cette fois, il lui aurait fait parvenir ses numéros personnels, par l’intermédiaire du caporal Pafadnam Madi avec l’invitation à une autre rencontre dans la soirée. S’il était partant pour la rencontre, il devait envoyer un simple texto avec le mot ok sur le numéro personnel de Zida, dit-il. Cette fois-ci, Madi aurait informé un sergent avant d’aller répondre au rendez-vous au même lieu que la veille. Zida, son chef de sécurité et son aide de camp, ainsi que Madi Pafadnam auraient pris part à cette rencontre. Cette fois, une voiture de marque Jaggar lui aurait été proposée séance tenante s’il donnait son accord pour le projet. Face à son refus argumenté par la peur d’un lendemain incertain, Madi avoue avoir été rassuré par son supérieur Zida de ce qu’il serait promu officier. Mieux, Zida aurait argumenté en s’appuyant sur le dossier Sankara. Il lui aurait dit que lui Zida a fait ouvrir le dossier Sankara devant la Justice tout en prenant le soin de faire fuir le principal suspect, Hyacinthe Kafando. Cela parce que le fugitif est l’oncle de Pafadnam Madi. Madi dit  avoir une fois de plus rejeté la proposition, mais cette fois-ci, aurait pris le soin de rendre compte fidèlement à sa hiérarchie. Décision aurait donc été prise de prendre des mesures pour surveiller certains mouvements. Cette surveillance a permis selon lui de savoir que des participants de la rencontre initiale ont contourné pour adhérer au projet d’élimination des personnalités suscitées. En retour, ils auraient reçu à cet effet l’argent et divers cadeaux dont des voitures. Cependant, alors qu’un commando de plusieurs personnes s’apprêtait à passer à l’acte, eux, commis à la surveillance, seraient intervenus pour empêcher l’attaque du domicile de Salif Diallo. Les membres du commando auraient été ainsi arrêtés et les biens reçus en cadeau retirés. Madi est formel, le chef d’État-major général des armées d’alors, Zagré Pingrenoma et bien d’autres chefs militaires sont au courant de ce épisode. En conclusion, il estime que c’est en réaction à cet affront porté au projet de Yacouba Isaac Zida qu’un piège lui a été tendu.

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Le piège de Zida
Sur l’affaire, Madi a expliqué comment il a été piégé par les éléments de Zida. Alors qu’il devait recevoir chez lui d’autres camarades de l’ex-RSP pour parler des démarches pour entrer en possession de leurs biens perdus lors de l’assaut du Camp Naaba Koom, des proches de Zida en auraient profité. Il explique que le caporal Ido Claude, le sergent Yougbaré et 2 autres ex-camarades seraient venus lui dire que Zida préparait un coup et que dans ce cadre, une action contre les généraux suscités se préparait. Les comploteurs auraient donc proposé 3 points supplémentaires à l’ordre du jour. Il s’agit de la libération des généraux, la prise de la poudrière de Yimdi et la prise du camp Naaba Koom 2. Ces trois opérations listées sur un papier devaient s’ajouter au point initial de la rencontre, assure Madi. Les comploteurs auraient suggéré de lire les points supplémentaires pour recueillir les réactions. Madi Ouédraogo serait donc tombé dans le piège en lisant le papier préparé pour l’occasion. Les participants n’ont pas adhéré aux projets apportés par les comploteurs que lui Madi a lu. La réunion a tourné ainsi court et pendant ce temps, les comploteurs enregistraient les échanges, foi de Madi. Immédiatement après la fin de la rencontre, les intéressés seraient entrés en contact avec un certain lieutenant pour lui dire que c’est fait. Soupçonnant que quelque chose n’était pas clair, Madi affirme avoir suivi discrètement l’équipe de comploteurs jusqu’au quartier Ouaga 2000, où ils ont retrouvé le lieutenant Nana. Celui-ci y était stationné à bord d’une voiture hilux. Pour lui, c’est de cet enregistrement que l’accusation s’est fondée.

Une fois de plus, les avocats de la défense ont saisi l’occasion pour encore plaider pour le retrait de la retranscription de l’enregistrement. Aussi, la défense a demandé que le président ordonne la comparution du Soldat Ido Claude suspecté d’être l’auteur de l’enregistrement, Tous les avocats estiment qu’ayant participé à la rencontre de chez Madi le 19 décembre, Ido devait aussi être parmi les accusés. Après renseignements, Ido Claude se trouverait en mission onusienne au Mali. Le président se réserve le droit de demander ou non des diligences pour qu’il puisse comparaitre. C’est aussi le cas du général Diendéré que l’un des avocats voudrait voir appelé à témoigner. Le procès se poursuivra ce matin du mercredi avec l’audition de deux témoins censés avoir participé à une rencontre au domicile de Madi.

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