Condamnation des élèves de Gounghin : Justice ou injustice

Photo utilisée juste pour l’illustration 
Tenu le 11 août devant le Tribunal de grande instance de Tenkodogo, le procès des élèves de Gounghin a livré son verdict ce jeudi 25 août 2016. Les 3 élèves poursuivis par leurs enseignants, ont été reconnus coupables d’acte de vandalisme, destruction de biens privés, organisation illégale de manifestation. En conséquence ils sont condamnés à douze mois de prison ferme, avec une amende de 1 350 000 F CFA et la réparation des bâtiments endommagés

Oubda Assami, Oubda Noufou et Yougbaré Pascal sont ces trois élèves de Gounghin qui vont passer 12 mois en prison  pour avoir instigué une manifestation ayant entraîné beaucoup de dégâts matériels, dont les engins des enseignants de leur établissement.

Les éléments situationnels

Le moins que l’on peut dire c’est que le Tribunal a eu la main très lourde. En effet, si l’on ne peut rien trouver à dire sur la sanction pécuniaire qui est somme toute la correction des dommages, on peut cependant s’interroger sur la peine de prison infligée à ces enfants. Un an ferme, c’est quand même sévère voire trop sévère pour peu qu’on contextualise la faute commise.
En effet, les enfants ont saccagé des engins qui appartiennent à leurs enseignants en contexte de revendication/manifestation. Ils manifestaient pour exiger que des examens blancs soient organisés pour eux afin de mieux se préparer pour leur examen. En fait, ils demandaient juste ce droit reconnu à eux tout comme à tous les élèves en classe d’examen. Malheureusement l’idée d’incendier les engins de leurs enseignants afin d’obtenir gain de cause ne fut pas la meilleure.
Donc ils étaient en situation de revendication, et vu cela, on ne peut que se dire qu’ils ont sans doute été influencés par les évènements insurrectionnels d’Octobre 2014 et de la résistance de Septembre 2015. Faut-il le rappeler, l’incendie et le saccage des biens publics et privés furent les armes utilisées par les insurgés. C’était encore le cas dans la résistance contre le putsch de Septembre. On peut se dire que les enfants ont sans doute pensé qu’il faille faire comme lors de l’insurrection pour obtenir gain de cause. Pour cela, ils auraient pu bénéficier de circonstance atténuante.

La responsabilité de l’environnement

Si les enfants sont arrivés à cela, il existe forcement des failles du point de vue de leur éducation. Quelque part donc, les éducateurs (aussi bien en famille qu’à l’école), ont failli à leur mission d’éducation. De ce fait, on peut aussi pointer la responsabilité des parents, mais aussi celle des enseignants. Quoique victimes, les enseignants sont aussi responsables, car ils ont contribué en partie au dérapage éducatif de ces enfants. Cela dit, on ne devrait pas sortir ‘’le marteau’’ contre les enfants et ignorer la responsabilité des éducateurs. Parents comme enseignants, chacun devrait en prendre pour son grade.

Une sentence injuste et contreproductive

Par ailleurs que la société représentée par la Justice veuille sanctionner les enfants, d’une part, pour la prochaine fois, d’autre part, pour dissuader d’autres fauteurs de troubles. Pourquoi pas? Cependant, à y voir clair, cette sanction est injuste et contre-productive quand on sait ce qu’est la prison au Burkina.
On sait qu’il est contre-productif d’envoyer ces enfants sans antécédents  pour côtoyer les grands bandits en détention. Tout le monde est conscient du fait que la prison au Burkina n’est point un cadre de rééducation/correction. Quand un primo délinquant y met pied, il s’aguerrit à la délinquance au contact des habitués et autres grands bandits. Au lieu donc de la correction, la société par cette condamnation, enfonce ces enfants.
Si l’on part du fait que les juges ont voulu donner une leçon, cela est injuste. Outre le cas de l’insurrection, il y a eu des cas similaires où des manifs d’étudiants ont engendré des casses. Le cas le plus récent, fut le 20 avril 2016 à Bobo où à l’issue d’une manif, la voiture du directeur général du CENOU est partie en flamme. Qu’à fait la Justice ? Rien.  Incapable de lever le moindre fouet contre les cas les plus graves, la Justice burkinabè soulève contre les enfants de Gounghin, une arme de destruction massive qu’est la peine privative de liberté. Est-ce parce qu’ils sont des ‘’villageois’’ esseulés sans soutien du reste du monde scolaire et estudiantin. Peut-être.

L’éducation est la solution

En définitive, nous disons que la société devrait travailler à obliger ces ‘’enfants mal éduqués’’ à retourner à l’école. Il n’y a que l’éducation sinon la rééducation pour les ramener sur le droit chemin. Du reste, Victor Hugo le disais si bien : «Ouvrez des écoles et vous fermerez des prisons.» Il  reste à espérer qu’en appel, la peine soit revue pour prendre en compte la spécificité des mis en cause et de leur situation.

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