Les industries burkinabè S’adapter ou périr
Les
travailleurs de la Société nouvelle
société sucrière de la Comoé (SN SOSUCO) ont manifesté dans la
matinée du 31 août 2015 en bloquant l’axe Banfora-Bobo. Cette manifestation
serait liée à l’inquiétude ambiante en ce moment dans les rangs des sucriers de
Banfora. La société ferait face à d’énormes difficultés dans l’écoulement de
ses produits. Des voyageurs ont dû passer une demi-journée à attendre la levée
des barrières. Cette actualité vient rappeler si besoin en était la fragilité
de nos entreprises. Au-delà de la SN-SOSUCO,
c’est un problème général de nos industries et entreprises nationales. Qu’est-ce qui
explique cet état de précarité généralisée dans les entreprises ?
L’état végétatif
découle principalement de la mauvaise gestion qui se manifeste sous plusieurs formes.
La première manifestation de la mauvaise gestion se note
sur le plan administratif et financier. En effet, la gabegie, l’abus des biens
sociaux et les détournements de tout genre sont légion dans les structures. Ainsi
on retrouve des gens à des postes pour lesquels ils n’ont aucune formation, et
bonjour les dégâts. On retrouve des employés qui sont quasiment improductifs simplement
qui ne foutent rien de leur job-description. Ils ne sont pas inquiétés en
raison de leurs relations avec les patrons.
L’obsolescence et le manque d’innovation sont des
caractéristiques majeures chez beaucoup de managers. Ceux-ci se contentent de
reproduire les mêmes articles pendant plusieurs années sans le moindre
changement, ne serait-ce même que la présentation. C’est le manque d’initiative
ou leur incapacité à se mettre en adéquation avec les réalités du marché. L’entreprise
se contente de reproduire mécaniquement les recettes qui ont marché de par le
passé. Le cas le plus illustratif de cette situation est le cas malheureux de la
Société industrielle du Faso (SIFA). Cette entreprise jadis fleuron de
l’industrie burkinabè, est morte faute
d’innovation dans les produits. En effet, l’émergence des mobylettes citadines ‘’djakarta’’,
‘’rainbow’’ venues de la Chine et l’engouement qu’elles ont suscité chez les
consommateurs ont freiné la vente des engins de la SIFA. Malgré cette nouvelle
donne, cette entreprise, au lieu de s’adapter en important ce nouveau type,
s’est enfermé dans ses ‘’vieilleries’’ ; alors, très vite dépassée, elle a
dû mettre la clé sous le paillasson, avec des conséquences incalculables.
Les effectifs dans certaines structures n’ont rien à voir
avec les besoins et sont difficilement supportables
par les finances. Cela, comme dans les deux précédents phénomènes, est surtout
rencontré dans les entreprises publiques ou celles qui ont été dans le giron de
l’État. Bien évidemment pour trouver de l’emploi aux nombreux jeunes, on se retrouve
à faire des recrutements sans réel besoin. Cela se ressent d’ailleurs dans
l’administration publique avec souvent des fonctionnaires qu’on affecte dans des
localités et qui finalement, se retrouvent à se tourner les pouces à longueur
de journée. Dans ces conditions, la masse salariale devient difficilement
supportable par une entreprise qui traine déjà des brèches.
Des
handicaps à surmonter
Outre ces problèmes de gestion, il faut ajouter le coût
exorbitant de certains facteurs qui viennent impacter négativement la
compétitivité de nos unités de production. Parmi ces facteurs, on peut
identifier 2 éléments majeurs qui ne favorisent pas la compétitivité.
Il s’agit d’abord
du prix de l’électricité qui est
l’un des éléments qui grèvent considérablement le coût de production. En effet,
le coût du courant électrique (environ 138,5 F CFA /Kw à la production) de
notre pays est l’un des plus élevés au monde. En dehors de la cherté, la
permanence de la fourniture de l’électricité n’est pas effective, d’où le
recours à des solutions plus chères pour combler les ruptures de la fourniture de
l’électricité. De ce fait, la productivité de l’entreprise se trouve
considérablement affectée. C’est d’autant plus pesant que c’est pratiquement
impossible de se passer de l’offre de la nationale de l’électricité.
La seconde
rubrique qui freine la compétitivité de l’entreprise c’est le prix du carburant
et son poids dans les charges de transport. Le transport étant aussi capital dans les chaînes de la production d’une unité, il s’ensuit un
effet inhibiteur de son efficacité. Comment minimiser les coûts du transport
aussi bien pour l’approvisionnement en matières premières que pour la
distribution des produits ? Voilà une question qui taraude l’esprit de
beaucoup de patrons d’entreprise.
Au regard de tous ces inconvénients, quelles solutions
peut-on envisager pour sortir nos structures de leur état de fragilité
chronique ? Bien malin qui saurait
trouver la réponse à cette question. Cependant, nous pouvons envisager des
pistes d’actions susceptibles d’accroître la
performance de nos entreprises.
Se
départir de l’a priori idéologique
Ce ne sont point des mesures de protection d’un Etat
providence qui pourront garantir la survie des entreprises; encore que nous
sommes dans un espace communautaire où le repli solitaire est proscrit. L’Etat
peut bien-sûr intervenir de façon ponctuelle pour résoudre une crise
conjoncturelle mais il ne saurait réitérer ses interventions à l’infini.
D’ailleurs, ce ne sont pas des mesures conjoncturelles qui peuvent résoudre une
équation liée au dysfonctionnement des structures. Du reste, l’Etat n’est pas
suffisamment solide pour s’éterniser sur ce terrain providentialiste.
Aussi faut-il sortir de l’idée du refus des licenciements
quand il y a besoin de licencier. On ne saurait prendre le risque de faire
couler le navire avec l’ensemble des passagers par un refus de jeter par-dessus
bord le surpoids. Dans un monde en perpétuel mouvement, la flexibilité du
capital humain est incontournable dans la gestion d’une entreprise.
Des
investissements lourds
Il faut prendre le courage d’envisager des solutions
pérennes dans la production de l’énergie renouvelable ou non. Pourvu que le coût
de l’électricité soit ramené à des proportions intéressantes. Dans ce sens, le volet quantité pourrait aussi
être amélioré. Pour cette raison, l’Etat devrait accepter un investissement
stratégique plutôt que de se contenter des solutions conjoncturelles de
location de groupes et autres solutions peu durables. Des solutions communes à
l’échelle sous régionales sont à prioriser.
L’innovation
dans les pratiques managériales au sein des structures
Dans ces conditions de ‘’c’est sauve qui peut’’, l’innovation et la maximisation de la productivité
des facteurs de production deviennent impératives. Plus de place pour
l’amateurisme, la gestion approximative, et certaines mauvaises pratiques
héritées du passé. Les entreprises d’Etat doivent faire place aux nouvelles
façons de gérer. La désignation des premiers responsables doit désormais se
faire dans les règles de l’art avec une procédure rigoureuse. Mettre ‘’l’homme
qu’il faut à la place qu’il faut’’, tel devrait être le credo. Le seul critère
de l’expérience ne suffit plus. De jeunes diplômés talentueux sortent de nos
universités, et ils méritent qu’on leur donne la place qui leur convient. La
capacité d’adaptation est dorénavant le
critère du manager type nouveau.
Ps le ‘’consommons Burkinabè’’ serait la cerise sur le gâteau
Et si la SN SOSUCO n'était aujourd'hui finalement qu'une aberration, une tumeur industrielle en total déphasage avec l'organisme dont elle se nourrit. Pour qu'elle puisse vivre aujourd'hui, voilà plusieurs dizaines d'années que des solutions de développement auraient dû être réfléchies et réalisées. Malheureusement, nous savons tous ce qu'il en est. J'imagine bien les médecins dirent que le patient est, une fois de plus et comme à l'accoutumée, arrivé trop tard en salle de soins. Que le mal est maintenant tellement profond qu'il n'y a plus grand chose à faire. Que même si la volonté se levait ... Visiblement, la patient Air Afrique a déjà été oublié alors que nous nous étions promis qu'un tel drame n'arriverait plus.
RépondreSupprimernon monsieur graphique , pour moi il faut prendre des décisions fortes
RépondreSupprimer1- diminuer les salaires voire licencier?
2- moderniser les équipements on ne peut plus couper la canne à la main et etre compétitif.
3- faire un vrai plan de marketing et revoir le circuit de la distribution
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RépondreSupprimernon monsieur graphique , pour moi il faut prendre des décisions fortes
RépondreSupprimer1- diminuer les salaires voire licencier?
2- moderniser les équipements on ne peut plus couper la canne à la main et etre compétitif.
3- faire un vrai plan de marketing et revoir le circuit de la distribution
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