GUIRO : une sentence et des interrogations
L’un des procès les plus attendus lors des assises criminelles a livré son verdict tard dans la soirée du samedi 20 pendant que les Ouagalais étaient pour la plus part déjà au lit. L’affaire GUIRO a donc livré son verdict : deux (2) ans d’emprisonnement avec sursis, la confiscation de 900 millions et une amende de 10 millions de francs.
Comme il fallait s’y attendre, au petit matin c’est le déluge sur les medias sociaux. Chacun allant de son propre analyse et de ses sentiments .L’indignation est très largement partagée chez les activistes, « on se fout de nous » « il n’y a pas de justice dans notre pays « comment-t-on pu aboutir à un verdict si clément et insultant ?
Pour ma part je vois 3 avatars du système judiciaire qui ont pu limiter la sévérité de la cour
D’abord l’objet de l’accusion qui porte sur de l’argent liquide. Rappelons ici que la plupart des transactions financières sous nos cieux se font en cash. On peut tout acheter ici en cash et peu importe le montant. Dans ce cas il va s’en dire que les transactions laissent peu de traces rendant du coup toute investigation difficile. On imagine alors les obstacles auxquels les enquêteurs ont dû faire face pour construire leur charge contre monsieur GUIRO. Quand on ajoute à cela le manque de spécialisation des enquêteurs et des magistrats, demander à des non-initiés de confronter un maitrisard en économie et gestion n’est pas chose aisée
Ensuite le système de don et de contre don est très rependu dans la société à tel point que, même quand un fonctionnaire dans le cadre de l’exercice normal de son service, accompli une tâche beaucoup pensent lui devoir un remerciement en espèce ou en nature. Or c’est ce qui est reproché (corruption passive) à Guiro. Les juges et les jurés étant issus de cette même société ils auront tendance à être indulgent à l’égard du prévenu. D’ailleurs les juges eux aussi ont pu être bénéficiaires des largesses des justiciables.
Le dernier élément qui a pu interférer dans le jugement c’est le fait que ce dossier aurait pu créer un précédent dangereux, celui de permettre de poursuivre des gens pour le délit d’apparence. Oui il fallait faire attention à ne pas ouvrir une boîte à crabes. Combien de fonctionnaires des impôts et de la douane sont immensément riches ? Combien de maires ou d’anciens ministres sont milliardaires ? Il vous souviendra qu’un ancien maire de Ouaga a fêté son 7ème milliard. On se rappellera aussi que le premier ministre a récemment fait sa déclaration de bien qui a suscité beaucoup de commentaires en raison de l’immensité de sa richesse près 700 millions (des rumeurs disent d’ailleurs qu’il a publié environ ¼ de sa fortune réelle). Alors faire n’importe quoi avec ce dossier c’est mettre en danger la république
De ces éléments on comprend aisément pourquoi le très médiatisé procès a accouché d’un petit deal au fifty-fifty et tant pis l’Etat, tant pis pour les aigris qui sont jaloux de l’opulence de GUIRO et de certains agents publics. D’ici là, monsieur GUIRO peut jouir tranquillement de son butin acquis à la sueur de son front et qui sait ; peut-être que le vieux milliardaire pourra donner quelques enveloppes à tous ceux qui ont travaillé à ce que ce procès aboutisse à cette lourde sentence.
C'est vrai qu'il a fallu à travers ce procès éviter un précédent dangereux mais je me demande si Guiro les charges retenues contre lui étaient suffisamment pertinentes pour l'inculper
RépondreSupprimerDéguisé en arbre de noël ou en maréchal soviétique, le gonze ? Anachronique dans les deux cas !
Supprimerc'etait difficile de reprocher quelques chose à Guiro sans toucher du doigt le dysfonctionnement du système étatique. Je trouve que les 3 chefs d'accusation etaient moins solide pour inculper Guiro, fallait chercher autre chose.
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